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Alors que les cryptomonnaies prennent de plus en plus de place dans nos vies, toutes ne sont pas acceptées de la même façon, et certaines, comme Monero et Zcash, sont en train de rencontrer de sérieux obstacles réglementaires. A cause de leur nature anonyme, elles se retrouvent dans le collimateur de nombreuses autorités financières mondiales.
Qu’est-ce que Monero (XMR), Zcash (ZEC) et les cryptomonnaies anonymes ?
En anglais, on les appelle « privacy tokens« , mettant en avant la protection de la vie privée. L’objectif principal de ces cryptos est d’augmenter la confidentialité des utilisateurs en rendant les transactions anonymes. Pour ces raisons, Monero et les cryptomonnaies anonymes ont souvent une réputation négative.
Contrairement à Bitcoin ou Ethereum, où les transactions sont publiques et pseudonymes, les cryptomonnaies anonymes masquent les informations liées aux transactions. Monero utilise un ensemble complexe de fonctions cryptographiques pour atteindre cet objectif, comme les « signatures de cercle », qui mélangent les clés de compte d’un utilisateur avec des clés publiques de la blockchain, rendant pratiquement impossible le rattachement d’une transaction à un utilisateur spécifique.
Monero utilise également des adresses furtives (stealth address), qui sont des adresses uniques générées pour chaque transaction pour le compte du destinataire. Ce mécanisme garantit que les transactions ne peuvent pas être liées à l’adresse du destinataire.
Zcash, quant à lui, utilise une technique différente appelée zk-SNARKs, qui permet au réseau de valider les transactions sans divulguer de détails sur l’expéditeur, le destinataire ou le montant de la transaction.
L’objectif de Monero, Zcash et des autres cryptomonnaies anonymes est de rendre les transactions intraçables, avec une quasi-impossibilité de remonter jusqu’à leurs auteurs. Cette fonctionnalité n’est pas bien perçue par les autorités.
Binance déliste certaines cryptomonnaies anonymes comme Monero (XMR)
Face aux demandes de diverses entités régulatrices, Binance a décidé de ne plus autoriser l’achat et la vente de cryptomonnaies anonymes comme Monero (XMR).
La Securities and Exchange Commission (SEC) ayant engagé des poursuites contre Binance et Coinbase aux États-Unis, la nouvelle de l’exclusion de Monero, annoncée la semaine dernière, n’a pas fait beaucoup de bruit. De plus, cette décision ne concerne que quatre pays européens. Cependant, cette annonce a une grande importance pour l’avenir de ces monnaies numériques.
Binance a donc déclaré qu’à compter du 26 juin prochain, plusieurs cryptomonnaies, dont Monero et Zcash, ne seront plus disponibles pour le trading. Toutes les cryptomonnaies concernées partagent une caractéristique commune : elles sont réputées pour garantir l’anonymat. La plateforme cite des contraintes réglementaires en France, en Italie, en Espagne et en Pologne.
Le règlement européen MiCA, qui devrait être mis en œuvre l’année prochaine ou l’année suivante, joue également un rôle dans cette décision de Binance. C’est un coup dur pour ces cryptos, qui sont souvent accusées de faciliter les transactions illicites.
Les autorités sceptiques vis-à-vis des cryptomonnaies anonymes
Il est évident que le principal souci des autorités est l’impossibilité de tracer les transactions, ce qui facilite potentiellement l’utilisation de ces cryptomonnaies pour des transactions illicites. En somme, Monero et les autres remplissent le même rôle que l’argent liquide : elles rendent les transactions anonymes.
Actuellement, une entreprise comme Chainalysis, spécialisée dans l’analyse des transactions blockchain et souvent engagée dans le cadre d’une enquête criminelle, ne peut pas efficacement remonter à tous les utilisateurs de Monero. Pour cela, Chainalysis a besoin d’une transaction publique ou d’un autre indice.
En d’autres termes, Monero et ses homologues sont très prisés sur le darknet, contrairement à Bitcoin, qui est public et traçable. Ces cryptomonnaies sont les seules à garantir un anonymat total aujourd’hui. Même si l’idée initiale était de protéger la vie privée, il est évident que cette noble philosophie a rapidement dévié. De plus, ce sont aussi des cryptomonnaies moins liquides que le BTC ou l’ETH.
Quel avenir pour Monero et les cryptomonnaies anonymes ?
Actuellement, Monero, Zcash et les autres sont toujours accessibles à la majorité des utilisateurs des plateformes centralisées. Cependant, il semble que l’avenir de ces cryptos sur les plateformes centralisées soit scellé.
Bien que cela ne soit pas explicitement indiqué dans le texte, une interprétation du futur règlement européen MiCA laisse entendre que les cryptomonnaies anonymes ne pourront plus être proposées aux résidents européens. En d’autres termes, elles ne pourront plus figurer sur les plateformes centralisées.
Avec tout ce qui se passe actuellement aux États-Unis et la campagne de la SEC, on peut difficilement imaginer comment ces cryptomonnaies pourraient survivre sur les plateformes centralisées. Nous estimons donc que Monero et les autres cryptomonnaies anonymes vivent leurs derniers moments sur les plateformes centralisées régulées. Mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles vont disparaître.
Un avenir possible dans le monde décentralisé… tant qu’il n’est pas réglementé Dans le monde décentralisé, les cryptomonnaies anonymes restent disponibles et il n’y a pas de raison que cela change à l’avenir. Les protocoles décentralisés profitent de l’absence de gouvernance centralisée et ne sont donc pas (encore) soumis à la réglementation.
Ces protocoles peuvent lister n’importe quel token et, souvent, personne n’a le pouvoir de les exclure. C’est le marché qui condamne une crypto à l’oubli, tout simplement parce qu’elle n’intéresse plus les utilisateurs. En d’autres termes, tant que le monde décentralisé n’est pas réglementé, Monero et les autres cryptomonnaies anonymes y trouveront refuge.
Cependant, même ce refuge pourrait ne pas être sûr à long terme. Les autorités réglementaires pourraient également chercher à réglementer les échanges décentralisés, à l’instar de ce qu’elles font avec les plateformes centralisées. Il est donc possible que les cryptomonnaies anonymes se retrouvent sans aucun lieu où être échangées, sauf entre particuliers.
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