Un amendement pour évaluer le minage de Bitcoin en France

Et si Bitcoin servait (enfin) à quelque chose d’utile ? La France envisage d'intégrer le minage de Bitcoin à sa stratégie énergétique.

Minage Bitcoin France
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Dans l’idée d’optimiser la gestion du parc électrique français, un groupe de députés propose d’étudier — sérieusement — l’intégration du minage de Bitcoin comme solution pour valoriser les surplus d’énergie, stabiliser le réseau et tirer parti du parc nucléaire.

🎯 Objectif de l’amendement pour le minage du Bitcoin en France

L’amendement n° 547 ne cherche pas à autoriser ou interdire le minage de cryptomonnaies en France. Il vise plus simplement à comprendre si cette activité, souvent caricaturée comme énergivore et inutile, pourrait en réalité jouer un rôle positif dans l’équilibre du système électrique français.

Amendement minage Bitcoin

Dans un délai de douze mois après la promulgation de la loi, le Gouvernement devra remettre au Parlement un rapport complet analysant les impacts et opportunités du minage de Bitcoin, en particulier sur trois points clés :

  • Valorisation des surplus de production électrique : lorsque l’offre dépasse la demande, l’électricité est souvent perdue ou bradée. Le minage pourrait permettre de la consommer localement, à moindre coût.
  • Stabilisation du réseau électrique : grâce à sa flexibilité, le minage peut être activé ou coupé en quelques minutes, ce qui en fait un bon candidat pour soulager le réseau lors des pics ou des creux de consommation.
  • Optimisation de l’usage du parc nucléaire : la France, avec sa forte part de nucléaire, produit parfois plus que ce qu’elle consomme. Plutôt que de ralentir les réacteurs, on pourrait imaginer utiliser ce surplus pour alimenter une activité productive et pilotable comme le minage.

L’objectif n’est donc pas d’encourager aveuglément cette industrie, mais de l’analyser comme un outil potentiel au service de la politique énergétique. Le rapport devra aussi prendre en compte les aspects économiques, environnementaux, territoriaux et technologiques, afin de proposer une vision nuancée.

En clair, ce pas une promotion du Bitcoin, mais une évaluation sérieuse de ce qu’il pourrait apporter à la France… ou pas.

🛠 Une démarche pragmatique

Ce que propose cet amendement, ce n’est pas de lancer des fermes de minage à tour de bras. C’est de regarder les choses en face, données à l’appui. L’approche est volontairement modeste : étudier avant de décider.

Le rapport demandé au Gouvernement s’inscrit dans une logique d’évaluation technico-économique. Il s’agira d’objectiver les choses : quelles infrastructures seraient nécessaires ? Quels impacts réels sur le réseau électrique ? Quelles conditions pour que ce soit bénéfique, et non un poids de plus ?

Le délai fixé — 12 mois après la promulgation de la loi — montre une volonté d’agir vite, sans précipitation. C’est aussi une manière de reprendre la main sur un sujet souvent discuté… mais rarement compris dans sa complexité.

Autre signe de lucidité : l’étude portera exclusivement sur le minage de Bitcoin, et non sur les cryptomonnaies au sens large. Pourquoi ? Parce que Bitcoin reste la seule blockchain dont le mécanisme de sécurisation repose encore massivement sur le proof of work — un système énergivore, mais aussi particulièrement flexible et prédictible.

Ce n’est donc ni une conversion à la cause crypto, ni un procès à charge. Juste une question posée sérieusement : et si cette activité pouvait, dans certains cas, rendre un vrai service au réseau ?

🌐 Enjeux et opportunités

Le minage de Bitcoin traîne une réputation sulfureuse, souvent résumée à une consommation électrique excessive pour des images de singes ou des fortunes virtuelles. Mais cet amendement propose de le regarder autrement : non plus comme un problème, mais comme un outil à recontextualiser.

Dans certains scénarios, le minage pourrait jouer un rôle d’amortisseur énergétique. Lorsque la production dépasse la consommation — un phénomène de plus en plus fréquent avec les énergies renouvelables et la rigidité du nucléaire — il faut soit stocker, soit gaspiller, soit… consommer intelligemment. Le minage offre cette capacité : une activité continue, déployable à proximité des sources, capable de s’interrompre à la demande.

Aux États-Unis, des projets pilotes ont déjà vu le jour. Au Texas, par exemple, des fermes de minage sont connectées au réseau local et s’arrêtent en quelques secondes si une alerte de surcharge survient. Résultat : une ressource de flexibilité, rémunérée pour ne pas consommer en période critique.

En France, l’intérêt serait double. D’abord, tirer parti des pics de production nucléaire ou renouvelable évités jusqu’ici. Ensuite, soutenir des zones rurales ou industrielles où l’infrastructure électrique est présente, mais sous-utilisée.

Mais pour que cela fonctionne, encore faut-il un cadre : qui installe, qui contrôle, qui encadre les usages ? D’où l’importance de l’étude à venir.

L’idée n’est pas de faire de la France une plaque tournante du Bitcoin, mais de tester une hypothèse simple : le minage peut-il être un levier d’optimisation énergétique, plutôt qu’un gaspillage ?

⚠️ Limites et conditions du minage en France

Si l’amendement ouvre la porte à une réflexion pragmatique sur le minage, il n’élude pas pour autant les risques. Car oui, cette activité peut poser problème — si elle est mal encadrée.

D’abord, l’impact environnemental reste une question centrale. Même si le minage peut utiliser des surplus ou des énergies peu carbonées, cela ne garantit pas automatiquement une empreinte « positive ». Tout dépend du contexte local, du type d’énergie mobilisée et de la manière dont le minage s’intègre au réseau.

Ensuite, se pose la question de la gouvernance. Qui décide où et comment s’installent ces infrastructures ? S’agit-il d’un service public, d’acteurs privés sous contrat, ou d’initiatives commerciales indépendantes ? Sans règles claires, difficile d’éviter les effets d’aubaine, voire les dérives.

Il faudra aussi répondre à des enjeux techniques et juridiques : sécurité des installations, raccordement au réseau, fiscalité applicable, contrôle de la provenance des équipements, obligations des exploitants…

Enfin, il est important de rappeler que le rapport attendu ne décide de rien. Il n’autorise pas l’implantation de sites de minage, ne définit pas de stratégie industrielle. Il fournit un éclairage. Mais cet éclairage sera aussi utile que les données et les hypothèses sur lesquelles il repose. Gare donc aux raccourcis.

En clair : le minage peut être utile — à condition d’être piloté, localisé, contrôlé et justifié. Ce n’est pas une baguette magique énergétique. C’est un outil potentiel, à manier avec rigueur.

Un premier pas indispensable vers le minage Bitcoin en France

Avec cet amendement, la France amorce peut-être un tournant discret mais significatif : considérer le minage de Bitcoin non plus comme une anomalie numérique, mais comme un outil énergétique à évaluer sérieusement.

Ce n’est pas une conversion crypto. Ce n’est pas non plus une fuite en avant technophile. C’est une méthode classique — celle du rapport parlementaire — pour tester une hypothèse concrète : et si une activité controversée pouvait, dans certaines conditions, rendre un vrai service au réseau électrique français ?

Tout reste à faire. Mais une chose change déjà : le regard. Et c’est souvent par là que commence toute transition.

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Auteur

Depuis 2017, je ne cesse d'explorer l'univers du Bitcoin, de la blockchain des crypto monnaies, des NFT et plus récemment, celui du Web3. Après avoir fondé Au Coin du Bloc en 2021, je met à disposition mes connaissances et tente de vulgariser les aspects obscurs pour rendre abordable et compréhensible cet univers naissant dans lequel je crois fermement.

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